Le mont Uhud, situé non loin de Médine, a été rendu célèbre par la bataille qui s’y déroula en l’an 3 de l’hégire (625 ap. J-C). Après la victoire éclatante des musulmans contre les Mecquois lors de la bataille de Badr, qui eut lieu un an avant, il fut impossible pour le clan de Quraysh d’accepter cette défaite qui vit périr les meilleurs d’entre eux. Le désir de vengeance fut immense. De retour à La Mecque, les vaincus se mirent d’accord pour mettre tous leurs biens au service d’une cause : la guerre contre l’islam et contre les musulmans.
Ibn Ishaq rapporte, à propos de cette mise en commun des biens des Qurayshites en vue de venger leurs morts, que c’est à ce sujet que fut révélé le verset 8 de la sourate Al-Anfal (Le Butin) :
Ceux qui ne croient pas dépensent leurs biens pour éloigner (les gens) du sentier d’Allah. Or, après les avoir dépensés, ils seront pour eux un sujet de regret. Puis ils seront vaincus, et tous ceux qui ne croient pas seront rassemblés vers l’Enfer.
Les Qurayshites levèrent donc une armée de trois mille hommes – les musulmans étaient sept cents – qui marchèrent sur Médine, parmi lesquels des membres des tribus de Kinânah et des habitants de Tihâmah. Ils emmenèrent leurs femmes afin qu’elles attisent leur ardeur au combat. Encouragés par leurs épouses, les hommes de Quraysh étaient condamnés à être braves. Ils devaient venger les leurs, tués à la bataille de Badr, sauver leur honneur devant leurs femmes et… éviter de perdre la bataille pour ne pas perdre ces dernières. Rapportons à cet égard ce que chanta tambour battant Hind, fille de Utbah, un notable Quraysh, et épouse d’Abu Sufyan, général de l’armée qurayshite, lorsque les deux armées se rapprochèrent l’une de l’autre :
Si vous avancez nous vous embrasserons
Et nous étendrons les coussins
Mais si vous reculez, nous vous quitterons
Comme on quitte quelqu’un qu’on n’aime plus
Les femmes ne pouvaient être plus claires.
Lorsque les troupes musulmanes arrivèrent à Uhud, le Prophète (saws) plaça ses hommes entre le mont Uhud et les lignes ennemies. Il ordonna à quelques archers de rester à ses côtés et à une cinquantaine d’autres de se positionner sur un monticule. Ces cinquante archers reçurent pour ordre de tenir la cavalerie des Quraysh loin des positions musulmanes. Ils ne devaient absolument pas bouger, vaille que vaille : que les musulmans soient défaits ou qu’ils réussissent à vaincre l’ennemi, les archers devaient rester à leur place.
L’armée islamique était disciplinée et déterminée, comme dans toutes les batailles qu’elle mènera. Le combat fut âpre et les guerriers valeureux. Les soldats du Prophète (saws) réussirent à avancer jusqu’à enfoncer les lignes ennemies. La déroute des Quraysh était proche. Leur défaite s’annonçait une nouvelle fois cinglante. Même la mort de Hamza (ra), valeureux compagnon et oncle du Prophète (saws), ne suffit pas à dissiper le sentiment de défaite qui envahit l’armée des polythéistes.
Voyant la victoire toute proche, une quarantaine d’archers, ceux que le Prophète (saws) avaient positionnés sur le monticule et à qui il avait ordonné de ne pas bouger, dévalèrent la pente qui les mena vers le camp adverse, vaincu, afin de prendre part au butin. Seul Abd Allah ibn Jubayr demeura sur ses positions en compagnie de neuf compagnons, décidés à obéir aux ordres du Prophète (saws).
Rien n’échappa à Khalid ibn Walid, qui se convertira plus tard à l’islam et sera l’une de ses plus grandes figures. Ce dernier saisit cette formidable occasion pour attaquer les dix compagnons restés sur le monticule. Ces derniers combattirent jusqu’à la mort. Moins nombreux, ils ne purent venir à bout de la cavalerie ennemie, qui poursuivit son attaque en direction des bases arrières de l’armée musulmane. Le cours de la bataille changea subitement. Quraysh reprit le dessus. Les Compagnons se battirent comme des lions, mais ils subirent progressivement la supériorité numérique des polythéistes.
Ce fut alors l’occasion de s’en prendre au Prophète (saws). Quraysh allait enfin venger ses morts de Badr et terrassait celui que les Mecquois ne réussirent jamais à corrompre ni à garder dans leurs croyances archaïques. L’islam allait bientôt disparaître, pensaient-ils. Mais c’était sans compter la bravoure et la détermination des Compagnons et du Prophète (saws), que l’on crut un temps mort. Il fut en réalité étourdi, en plein combat, quelques instants par un coup porté par Ibn Qami’ah. Ce coup le fit chanceler, ce qui suffit à son assaillant à le croire mort.
La nouvelle se propagea, achevant de miner le moral des troupes musulmanes. L’armée mecquoise crut avoir atteint son but. Sachant qu’il ne servait à rien de poursuivre le combat contre les Compagnons, sinon à semer plus encore la mort dans ses propres rangs, elle se retira triomphaliste : les tués de Badr ont été vengés, le Prophète (saws) était mort, croyait-elle, et l’islam allait s’éteindre. Quraysh avait remporté la bataille.
Lorsque les Compagnons qui n’étaient pas tombés en martyr se rendirent compte que le Prophète (saws) n’était pas mort, leur joie fut telle qu’elle en effaça la défaite.
Pour autant, la bataille de Uhud est une défaite. Il faut le reconnaître, mais elle n’est en rien une défaite cuisante. C’est même une leçon dont les musulmans tireront profit : la victoire d’Allâh s’éloigne quand survient la désobéissance et la division. On compte des dizaines de versets descendus suite à cette bataille, dont le verset 152 de la sourate Al-‘Imrane (cette seule sourate contient soixante versets relatifs à la bataille d’Uhud) :
Et certes, Allah a tenu Sa promesse envers vous, quand par Sa permission vous les tuiez sans relâche, jusqu’au moment où vous avez fléchi, où vous vous êtes disputés à propos de l’ordre donné, et vous avez désobéi après qu’Il vous eut montré (la victoire) que vous aimez ! Il en était parmi vous qui désiraient la vie d’ici bas et il en était parmi vous qui désiraient l’au-delà. Puis Il vous a fait reculer devant eux, afin de vous éprouver. Et certes Il vous a pardonné. Et Allah est Détenteur de la grâce envers les croyants.
Voici le mont Uhud (jouez avec les flèches pour zoomer)
Impressionnant ! Le texte et les images sont saisissants, cela me rappelle la visite à Médine, il y a 2 années, que de souvenirs- Ce jour-là j’ai beaucoup pleuré.
salam alaikoum
justement mon frere, j’allais te proposer de mettre de plus en plus de billets dans ce sens .. pour connaitre mieux notre religion à travers les grands evenements malhereusement meconnus par certains et à travers aussi votre style fluide et leger!
jazak Allah khayren
as-salâmu ‘alaykum
Ces dernières semaines, je suis très pris. Je pense rédiger plusieurs textes de ce genre en prévision de ramadhan 1429. C’était ce que j’avais prévu de faire pour ramadhan 1428, mais écrire de tels textes nécessite beaucoup de rigueur. Il faut pouvoir être sûr que tout ce qui est écrit dans le texte soit non seulement juste mais encore vérifiable.
Bâraka-Llâhu fîk pour vos encouragements. Ca me motive :).
as-salâmu ‘aleykoum,
Clair, court et concis. Qu’Allâh vous facilite et vous récompense pour chaque lettre lue !
Alhamdou lillahi bihime sabata Lahou al islama. Que Dieu nous offre le paradis avec eux.
barak allah fikoum
Aucune femme ne pourra enfanter un autre que Khalid Ibn Walid rad
Slm,
N’est ce pas le verset 36 de sourate Al anfal au lieu du verset 8 ?
Baraka Allahou fikoum
wa ‘alaykum as-salam wa rahmatuLlah wa barakatuh
C’est bien le le verset 152 de la sourate Al-‘Imrane. Cf. https://quran.com/fr/la-famille-de-imran/152
Salam alekoum
Baraka Allahou fik pour ce récit, que je viens de raconter à mes enfants.
Puisse Allah te compter parmi eux au Paradis incha’a Allah
wa ‘alaykum as-salam wa rahmatuLlah wa barakatuh
ma sha’a-Llah ! Très content que cet article qui a aujourd’hui 16 ans soit encore utile.
Amin à votre invocation !